Playlist du lundi n°27

Hop la petite livraison du lundi matin, ils sont tout chauds et sortent à peine du four, bonne dégustation musicale !

  1. Mr. Brightside de The Killers. Nouveau passage du côté du premier album Hot Fuss (2004) de The Killers après le single XXL Somebody Told Me (playlist du lundi n°12) avec l’excellentissime Mr. Brightside porté par l’urgence du chant de Brandon Richard Flowers et la débauche de guitares. Ca fait feu de tout bois et donne une pêche monumentale pour attaquer cette nouvelle semaine.
  2. It’s Oh So Quiet de Björk. Le morceau inclassable et le bijou tiré du troisième opus Post de Björk. Dans cette reprise du titre initial de Betty Hutton, on retrouve toute la folie de notre Islandaise préférée qui alterne moments de douceur jazzy et douce sauvagerie dans le chant. Du grand art sublimé par Spike Jonze dans un très beau clip à voir et revoir.
  3. Laura de Bat for Lashes. On n’écoute jamais assez l’émotion folle dégagée par Natasha Khan alias Bat for Lashes. Son troisième album The Haunted Man (2012) est illuminé par ce Laura dont le piano-voix est juste sublime. Une voix qui me picote les yeux…
  4. Made for You de The Shoes feat. Esser. Après deux passages du côté de l’excellent deuxième album Crack My Bones, il est temps de s’intéresser à Chemicals , le troisième et malheureusement dernier opus des Rémois de The Shoes. Pur morceau d’électropop porté par la voix de Benjamin Esser, ce Made for You est incontestablement fait pour celles et ceux qui aiment les synthés qui prennent le pouvoir sur une fin assez surprenante.
  5. If I Ever Feel Better de Phoenix. Le premier album United de Phoenix date déjà de 2000 mais le single If I Ever Feel Better n’a pas pris une ride. La voix de Thomas Mars, la production de Zdar et cette basse si caractéristique donnent envie de se déhancher dans les bas-fonds de Versailles.
  6. Save Me d’Aimee Mann. Morceau-phare de l’excellent film chorale Magnolia de Paul Thomas Anderson, ce Save Me met à l’honneur la belle voix d’Aimee Mann. Une écoute qui ne peut que s’enrichir de nouvelles émotions quand vous regarderez le film…
  7. Beautiful Emilie de Keziah Jones. Après Bat for Lashes qui donne ses lettres de noblesse musicale au prénom Laura, Keziah Jones en fait de même avec le prénom Emilie. Le blufunk de l’homme au chapeau fait mouche sur ce Black Orpheus de 2003 déjà avec ce Beautiful Emilie si caractéristique du son de Keziah Jones.
Sylphe

Playlist du lundi n°26

Le périple musical du lundi se poursuit tout en douceur, bon voyage, enjoy !

  1. La Superbe de Benjamin Biolay. Le cinquième album La Superbe sorti en 2009 s’impose comme un véritable succès populaire et le grand public découvre véritablement tout le talent d’écriture de Benjamin Biolay. Le titre éponyme est un bijou d’émotions porté par cette voix d’encre, la justesse des arrangements avec des violons pleins de grâce et la fragilité de Jeanne Cherhal
  2. Hollow Talk de Choir Of Young Believers. Titre-phare de la très recommandable série The Bridge, ce Hollow Talk des Danois de Choir Of Young Believers d’une grande douceur s’appuie sur le violoncelle et la voix gracile de Makrigiannis, le titre nage avec humilité dans les eaux troubles. Il sait cependant se faire plus incisif sans renier ses émotions inaugurales avec cette batterie judicieuse, la montée est imparable et désarme les derniers récalcitrants.
  3. L’Indien de Juliette Armanet. Avant l’explosion et le succès du grand public grâce à son deuxième opus Brûler le feu en 2021, Juliette Armanet a sorti un premier album Petite Amie riche de belles promesses. L’Indien joue sur la carte sensible avant que la batterie prenne une place plus centrale et que la rythmique se fasse plus pop.
  4. Ready To Start d’Arcade Fire. The Suburbs est le troisième album des Canadiens, moins immédiat que les deux merveilles précédentes et recevant un accueil plus fragile. Ready To Start est cependant dans la droite lignée des deux premiers opus, brillant par son instantanéité et sa rythmique pop uptempo. La voix de Win Butler me désarme toujours autant…
  5. Two Hearts de NZCA LINES. La pépite du deuxième opus Infinite Summer sorti en 2016… Rythmique électropop, version dansante de Caribou, il révèle tout le potentiel du groupe qui explosera avec le troisième album Pure Luxury (chroniqué par ici).
  6. Sleeping Ute de Grizzly Bear. Un peu de folk arty ce lundi avec les Américains originaires de Brooklyn Grizzly Bear et en particulier ce titre tiré de leur quatrième opus Shields. On retrouve une ambiance électronique et bruitiste assez étonnante et la douceur de la voix de Daniel Rossen dont je ne peux que vous conseiller d’aller écouter le premier album solo You Belong There sorti en 2022.
  7. Avril 14th d’Aphex Twin. Figure centrale et mystérieuse du label Warp, Aphex Twin surprend avec ce Avril 14th présent sur Drukqs (2001) qui s’appuie sur une composition au piano enregistrée sur un disklavier (piano contrôlé par un ordinateur). Une mélodie d’une grande candeur.
Sylphe

Pépite intemporelle n°143 : Aventine (2013) de Agnès Obel

Agnes-Obel-album-cover-AventineEt si l’on écoutait un peu de musique raffinée en ce samedi, en remettant sur la platine Agnès Obel ? Retour en 2013 avec l’album Aventine, une des pépites intemporelles de ma discothèque. Il y eut bien sûr Philarmonics, premier opus de l’auteure-compositrice-interprète danoise sorti en 2010, et son lot de titres tous plus beaux les uns que les autres. Pourtant, l’artiste relèvera haut la main le défi du deuxième album avec un Aventine de fort belle facture, au moins aussi bien réussi que son prédécesseur. Le disque s’ouvre sur un Chord left des plus épurés, mais également au titre des plus ironiques puisque les cordes sont bel et bien présentes dans ces compositions d’Agnès Obel. De belles et profondes nappes qui soutiennent les mélodies dès Fuel to fire, deuxième morceau dans l’ordre d’écoute. La présence des cordes ne s’arrête pas à un soutien musical, puisque plusieurs compositions leur laisseront toute la place. C’est par exemple le cas de Run cried the crawling, ou encore de The curse.

C’est également le cas dans Aventine, quatrième morceau du même nom que l’album. Le titre repose sur une élégante base de cordes en pizzicato, auxquelles se rajoute un violoncelle en cordes frottées, dans ses tonalités les plus basses. Il en résulte un envoûtant mélange de légèreté et de mystère quelque peu inquiétant. Aventine est une composition tout en contraste, entre lumière et noirceur, entre apaisement et tension. Agnès Obel n’a plus qu’à poser sa voix dans cet écrin musical, et en jouer comme d’un instrument à part entière. On obtient ce qui est à mes yeux un des plus beaux morceaux de l’artiste, mais également un des plus riches et denses émotionnellement. En à peine plus de 4 minutes, elle parvient à nous entraîner dans un imaginaire poétique qui mêle douceur et mélancolie avec une grande élégance. On ne s’en étonnera finalement pas, compte-tenu de la classe et de la grâce des compositions d’Agnès Obel.

On ne s’en étonnera pas, mais on s’en émerveillera toujours un peu plus à chaque écoute d’Aventine, le titre comme l’album. On vous propose ici le morceau, suivi pour le plaisir du Fuel to fire précédemment cité. Il vous reste ensuite à plonger dans le reste de l’album, et si le cœur vous en dit, dans la discographie d’Agnès Obel à la recherche d’autres pépites intemporelles que vous n’aurez aucun mal à dénicher.

Raf Against The Machine

Playlist du lundi n°25

7 nouvelles petites pépites pour mettre du baume au coeur en ce jour de reprise, enjoy !

  1. Strict Machine de Goldfrapp. Après un premier album Felt Mountain d’une grande sensibilité et d’une beauté symbolisant parfaitement ce que peut être le trip-hop bien exécuté, Black Cherry surprend par ses rythmiques dansantes et sa palette de sons électroniques. Un album qui possède en son sein toutes les directions artistiques -quelquefois contestables – que prendra le groupe dans la suite de sa carrière. Strict Machine brille par l’âpreté de ses sons électros qui font monter une tension palpable qui n’explosera qu’à travers la douce et sensuelle voix d’Alison Goldfrapp qui sait se faire aussi bien caressante qu’oppressante. Une ambiance électrique qui montre à elle seule le spectre de possibilités que peut offrir l’après trip-hop….
  2. Burning de Yeah Yeah Yeahs. Le cinquième album Cool It Down (chroniqué par ici) de YYYs, 9 longues années après Mosquito, regorge de pépites électropop savoureuses. Burning est ainsi porté par la sensualité à fleur de peau de Karen O et une atmosphère instrumentale toute en subtilité et contrastes.
  3. Glósóli de Sigur Ros. La douceur poétique des Islandais de Sigur Ros fonctionne comme une madeleine de Proust pour moi. Le chant falsetto de Jonsi, l’émotion véhiculée par les cordes et la tension électrique très souvent sous-jacente touchent régulièrement au sublime. Ce Glósóli présent sur le quatrième album Takk… (accessoirement porté par un très beau clip que je vous invite à visionner) est un bijou d’émotion dont l’explosion finale hérisse les poils, du grand art.
  4. Touch Ground de Griefjoy (Yuksek remix). Le premier album éponyme des Français de Griefjoy est une collection de tubes électro-pop brillants d’immédiateté. Le titre initial Touch Ground fonctionne déjà à merveille mais les sonorités électroniques de Yuksek lui confèrent une tension dansante supplémentaire savoureuse.
  5. Over and Over Again (Lost and Found) de Clap Your Hands Say Yeah. Le premier album de 2005 reste un joli bijou de pop fraiche portée par la voix d‘Alec Ounsworth, les sonorités bucoliques de ce Over and Over Again (Lost and Found) faisant le reste.
  6. Surf Solar de Fuck Buttons. Les deux compères de Fuck Buttons citent souvent comme influences majeures de leur musique Aphex Twin et Mogwai et je pense que vous ne peinerez pas trop à les percevoir dans ce Surf Solar. Plus de 10 minutes d’une électro extatique où les machines prennent le pouvoir, un souffle épique incontestable qui se nourrit d’une certaine violence des sonorités mais aussi d’une très grande douceur qui se diffuse tout au long. Ce genre de morceau n’a rien d’humain ni de comparable, placé tout simplement sous le sceau du génie.
  7. Showbiz de Muse. Il est de bon ton de réécouter le premier album de Muse Showbiz qui date déjà de 1999… On retrouve déjà dans ce titre éponyme tout ce qui fait le succès du groupe, cette voix de Matthew Bellamy dont le spectre est hallucinant, le contraste perpétuel entre douceur et explosions électriques et l’intensité folle.
Sylphe

Pépite du moment n°141 : Cape Forestier (2024) de Angus & Julia Stone

439735Ce début 2024 marque le retour musical des Stone. Pas les Rolling, mais Angus et Julia, autrement dit le duo frère/sœur qui fait le bonheur de nos oreilles depuis déjà cinq albums. Il faut remonter en 2017 et à Snow pour se régaler de leur dernière galette studio. Depuis, silence radio à l’exception de l’excellente BO du jeu vidéo Life is strange : True Colors datant de 2021. On se souviendra aussi qu’après leurs deux premiers albums A book like this (2007) et Down the way (2010), le duo australien s’était mis en sommeil. Il aura fallu toute l’énergie du producteur Rick Rubin pour les sortir de leur pré-retraite, avec à la clé l’album Angus & Julia Stone (2014), à ce jour leur plus gros succès. Autant dire que l’absence de nouveau son stonien depuis plusieurs années laissait penser à une nouvelle période de silence, peut-être même définitive. C’est donc avec un immense plaisir que l’on a appris le mois dernier le retour d’Angus & Julia Stone, et quel retour : un sixième album studio intitulé Cape Forestier annoncé pour le 10 mai 2024, une tournée internationale dans la foulée, et pour lancer le tout, un premier extrait The wedding song.

Un mois plus tard, nos deux folkeux préférés nous déposent Cape Forestier, second single et extrait de l’album à venir. Autant le dire tout de suite : si les 12 titres du disque sonnent comme ces Cape Forestier et The wedding song, on tient peut-être là l’opus le plus intimiste, le plus fragile, mais aussi le plus beau et le plus touchant d’Angus & Julia Stone. Démarrant sur une petit boîte à rythmes trompeuse, le titre revient très vite à ce qui fait la magie du duo. Une guitare folk, quelques traits d’une autre électrique, le tout soutenu par une rythmique des plus élégantes et discrètes, pour une balade folk absolument renversante. Les voix y sont aussi pour beaucoup. Les voix, car sur Cape Forestier, Angus et Julia mélangent leurs deux voix comme jamais. Angus porte le texte principal, mais Julia n’est pas en reste et vient doubler certaines phrases, comme au-dessus, en amont, en écho, en réponse. Il en résulte un titre d’une finesse et d’une émotion puissantes.

Cape Forestier a la douceur du soleil levant au travers des arbres, d’un coucher de soleil sur la mer, et entre les deux d’un café ou d’un verre de vin en terrasse, d’une balade dans le calme de la nature, d’une paisible journée de vacances, de la vie qui se déroule à son rythme. Angus & Julia Stone c’est tout ça et bien plus. C’est avant tout de la musique douce et caressante qui fait un bien fou, qui apaise et que l’on adore écouter et réécouter. Cape Forestier signe un retour plus que prometteur, dont on vous laisse apprécier la délicatesse en écoutant ce nouveau single. Histoire de confirmer, vous pourrez aussi écouter à la suite The wedding song, autre petit bijou d’écriture et d’interprétation. Pour les plus fans, l’album est déjà en précommande (CD et vinyle) chez tous les bons disquaires. Quant à la tournée, elle s’arrête en France pour quelques dates en mai et juin à Lille, Nantes, Marseille et Paris. Les places partent comme des petits pains tout chauds. Il est néanmoins encore possible d’en attraper pour découvrir sur scène la folk sensible, ciselée et émouvante de ce duo décidément incroyable et follement envoûtant.

Raf Against The Machine

Ciné-Musique n°18 : Grease (1978) de Frankie Valli/Barry Gibb

71JhrIASJLL._UF1000,1000_QL80_Ce samedi nous gratifie d’une météo toute grise, alliant pluie, froid et vent. Une ambiance qui va de pair avec une actualité bien grise elle aussi. Pas de quoi se réjouir me direz-vous ? Et bien si, puisque c’est précisément les conditions idéales pour se plonger dans un peu de bon son et partir à la recherche d’un antidote à tout ce gris. Certains fouilleront dans leurs discothèques ou leurs playlists, d’autres chercheront un film positif et léger. Pourquoi pas les deux ? Grease est à la croisée de nos recherches, et pourrait bien être le parfait contrepied à cette grise journée (#sansaucunmauvaisjeudemots). Sorti en 1978 et réalisé par Randal Kleiser, le long métrage est l’adaptation cinématographique de la comédie musicale éponyme créée par Jim Jacobs et Warren Casey en 1972. Placée en 1958, l’action raconte l’histoire d’amour entre Danny Zuko (John Travolta), chef de la bande des T-Birds, et Sandy Olsson (Olivia Newton-John), australienne en vacances aux Etats-Unis qui sera bien vite entourée par les Pink Ladies menée par Betty Rizzo. Garçons en blousons noirs versus filles en rose au cœur du lycée Rydell High, avec en bonus la rivalité entre les T-Birds et le gang ennemi des Scorpions, Grease pose tous les ingrédients de la comédie romantique avec ses clichés, ses quiproquos et son énergie vivifiante.

Une énergie que le film démultiplie au travers de sa bande originale. Etant originellement une comédie musicale, Grease réalise le crossover parfait pour devenir une imparable comédie romantique musicale. La soundtrack est un savant mélange de rock’n’roll, de boogie-woogie et de pop qui rencontrera un énorme succès, tant l’album que les différents singles. Parmi ces derniers, on retiendra en début de film le célèbre Summer Nights, narration très subjective par Danny et Sandy de leurs amours estivales, ou encore l’énergisant You’re the one that I want qui les fait se rejoindre à la fin. Entre ces deux pépites musicales, l’insouciance de la fin des années 50 déroule ses couleurs, sa joie de vivre, ses rires. Une ambiance fort bienvenue, à rapprocher de celle de la série télévisée Happy Days, tournée entre 1974 et 1984 mais qui situe son action à la même période que Grease. Une ambiance également présente dans Retour vers le futur (1985), et notamment ses scènes en 1955.

La BO de Grease comporte toutefois un titre anachronique, et pas des moindres : son générique. Composé par Barry Gibb et interprété par Frankie Valli, ce morceau est un pur produit disco-rock, genre inexistant à l’époque où se déroule l’histoire du film. Il n’est pas étonnant que la chanson Grease porte cette coloration musicale : Barry Gibb n’est autre que le chanteur leader des Bee Gees, au sommet de leur gloire disco en 1978 lorsque sort le film Grease. Cet anachronisme ne nuit en rien, bien au contraire. Il en résulte un titre particulièrement énergique et fiévreux, qui donne instantanément envie de se déhancher et de groover comme un John Travolta sur la piste de danse un samedi soir. Entre rythmique appuyée et puissantes descentes de cuivres, Grease est notre pépite du jour, en écoute ci-dessous. Ajoutons-y en bonus Summer Nights et You’re the one that I want déjà évoqués, pour vous donner une idée du petit soleil et de la bouffée de bonne humeur que constitue le film Grease. Et si le cœur vous en dit, n’hésitez pas à vous caler au fond du canapé et à le visionner en intégralité. Vous en ressortirez possiblement comme moi au bout des deux heures : détendu, souriant, ensoleillé. Une comédie romantique parfaite, peut-être parfois un peu kitsch et datée, mais indéniablement réussie.

Raf Against The Machine

Playlist du lundi n°24

Temps pluvieux, besoin de musique impérieux… Enjoy !

  1. Los Angeles d’Octave Noire. Le deuxième album d’Octave Noire Monolithe figure parmi mes coups de coeur de 2020. Los Angeles nous apporte ses synthés sortis tout droit de Jean-Michel Jarre, en espèce de rencontre du troisième type du XXIème siècle, avant que le spoken word ne s’impose. La voix est sombre et mélancolique, l’univers musical avec la batterie accentuant la rythmique et les cordes  m’évoque Air époque Virgin Suicides. Le morceau dont la mélodie du refrain s’imprime immédiatement en nous aurait mérité de figurer sur la BO de Mulholland Drive tout simplement…
  2. Sycamore Feeling de Trentemøller. L’électro cinétique sombre du Danois Trentemøller me touche depuis toujours et son deuxième opus sorti en 2010 Into The Great Wide Yonder est pour moi un des sommets incontestables de sa discographie. Sycamore Feeling développe son atmosphère mélancolique un brin inquiétante, la voix douce et mystérieuse de Marie Fisker sublimant l’ensemble.
  3. Nemesis de Benjamin Clementine. Deuxième passage par le premier album At Least for Now, sommet d’émotions imparable, avec ce Nemesis porté par la voix sombre de Benjamin Clementine et la justesse de l’atmosphère instrumentale, entre piano omniprésent en fond et cordes bien senties. Ce morceau traite avec brio de la nécessité de ne pas faire souffrir les autres pour ne pas courir le risque de subir en retour la déesse Nemesis (déesse grecque de la vengeance).
  4. Earth Death de Baths. Après un premier album Cerulean lumineux, Will Wiesenfeld alias Baths sort en 2013 un Obsidian dont l’univers est plus anxiogène. L’avant-dernier titre de l’album Earth Death est porté par ses sonorités électroniques abruptes et oppressantes pour un constat amer sur la Terre, que la douce voix de Baths essaye vainement d’atténuer… Une électro cinétique de haut vol et tristement d’actualité.
  5. A.M.180 de Grandaddy. Je n’ai jamais été un grand connaisseur, ni un grand fan des Américains de Grandaddy mais cette mélodie naïve d’A.M.180, titre présent sur le troisième album Under The Western Freeway, se marie à merveille à la débauche de guitares.
  6. Sonar d’Aufgang. Le trio composé de Francesco Tristano, Rami Khalifé et Aymeric Westrich réussit brillamment dès son premier album éponyme l’association entre la musique électronique et la musique classique. Sonar se présente comme une véritable odyssée qui nous offre 7 minutes d’une grande richesse.
  7. La résiliation de Ben Mazué. Pour faire suite au Nemesis de Benjamin Clementine qui évoquait une rupture amoureuse, La résiliation qui apparaît sur un projet de Grand Corps Malade montre avec pudeur et la justesse qu’on lui connaît le processus d’oubli qui se met en oeuvre après chaque rupture…
Sylphe

Pépite intemporelle n°142 : Girls and Boys (1994) de Blur

girls-and-boys-blur-570x570Comme une habitude qui s’installe, regardons une fois de plus dans le rétroviseur, et très précisément 30 années en arrière. Le 7 mars de l’année 1994 tombait dans les bacs le single qui allait propulser Blur au sommet des charts et dans à peu près toutes les oreilles. Girls and Boys est le titre d’ouverture de Parklife, troisième album du groupe mené par Damon Albarn, sorti en avril 1994. Pour emmener la galette, il fallait une locomotive sonore et musicale. Ce sera donc Girls and Boys, titre à la croisée du rock alternatif et de la britpop. Ce dernier courant musical, fraichement émergé et issu du rock alternatif britannique, s’incarne déjà avec Modern Life is Rubbish, deuxième album de Blur sorti en 1993. Mais son explosion viendra l’année suivante avec Parklife et son ouverture entêtante, dansante, obsessionnelle.

Girls and Boys a tout de la réussite instantanée, du tube en puissance, du titre imparable. S’ouvrant sur des notes de synthés simples mais ultra rythmées, le morceau claque dès la 18e seconde avec une section rythmique d’une redoutable efficacité. La ligne de basse groovy et ronde à souhait ne laissera aucun corps immobile. Débarquent alors la voix et la gouaille de Damon Albarn, qui apportent un ton désinvolte mais pleinement investi. Le reste appartient déjà à l’histoire de la britpop. Tout au long de ses presque 5 minutes, Girls and Boys est le bonbon impertinent à la fois sucré et acidulé dont on se gave jusqu’à plus soif… pour mieux en reprendre. Il n’y a pas une seconde de temps mort dans l’énergie déployée par Blur avec ce titre qui, aujourd’hui encore, reste une référence pour qui veut se lever et se sentir en vie.

Assez parlé : il est grand temps d’écouter cette pépite absolue. Malgré son grand âge, Girls and Boys nous donne un sacré coup de jeune lorsqu’on réalise que le titre a déjà 30 ans, mais qu’il a gardé intacte sa fraîcheur. On monte le son, et on danse sur une des pépites les plus emblématiques de la britpop.

Raf Against The Machine

Playlist du lundi n°23

Allez on est partis pour 7 nouvelles bombinettes qui devraient nous aider à gérer la dernière ligne droite avant les vacances scolaires, enjoy !

  1. The Parachute Ending de Birdy Nam Nam. Les champions du monde de turntable frappent fort en 2009 avec leur troisième album Manual for Successfull Rioting porté entre autres par cet extatique The Parachute Ending dont les sonorités âpres et son explosion en plein milieu secouent méchamment. On sent le lien fort qui unit cet album aux premiers opus de Justice
  2. Lights d’Archive. Le sixième album Lights de ceux qu’on ne présente plus en ces contrées est porté par ce titre éponyme qui figure parmi les plus beaux titres du groupe. 18 minutes sublimes pour un titre au pouvoir cinétique incontestable, de l’artisanat d’art…
  3. Sing de Four Tet. Kieran Hebden propose sa folktronica inventive depuis maintenant plus de 20 ans pour mon plus grand plaisir. Ce Sing tiré de son cinquième album There Is Love in You nous enveloppe doucement dans une version pop DIY digne de Boards of Canada. Un charme suranné se dégage de cette jolie pépite.
  4. People Movin’ de The Shoes. Nouveau passage du côté de l’électro-pop jouissive du deuxième album Crack My Bones (2011) de The Shoes avec l’instantané People Movin’. Un single électro-pop qui donne le sourire et la furieuse de faire du vélo…
  5. Genesis de Justice. Le premier album de Justice est une vraie déflagration sonore en 2007. Le son est pachydermique et immédiatement reconnaissable, 17 ans plus tard ce Genesis plus riche qu’il n’y paraît aux premières écoutes demeure un bijou sombre qui fait vibrer les corps.
  6. Steady, As She Goes de The Raconteurs. Encore un énième side-project brillant de Jack White… Le premier album Broken Boy Soldiers est porté par le rock subtil de Steady, As She Goes qui nous propose une belle débauche de guitares.
  7. World Sick de Broken Social Scene. Dans la catégorie des groupes pleins d’optimisme dont je rêverais d’être l’ami, Arcade Fire est talonné par les Canadiens de Broken Social Scene. Ce World Sick tiré du quatrième opus Forgiveness Rock Record devrait vous redonner foi en l’humanité.
Sylphe

Pépite intemporelle n°141 : Love on the beat (1984) de Serge Gainsbourg

516JvwfspmL._UF1000,1000_QL80_Il n’aura échappé à personne que nous étions hier le 14 février. Difficile de passer à côté de la Saint-Valentin aka la fête des amoureux, étalée sur toutes les devantures de magasins et une bonne partie des panneaux publicitaires. Que l’on souscrive (ou pas) à la formule, chacun est libre de célébrer (ou pas) cette date, de la façon qu’il le souhaite. Prolongement du 14 février, la chronique du jour n’est finalement pas si éloignée qu’il n’y parait de note sujet d’introduction. Love on the beat, sorti en 1984 sur l’album éponyme de Serge Gainsbourg, ouvre la galette de la plus funky des façons. Rompant alors avec ses deux précédents albums très teintés reggae Aux armes et cætera (1979) et Mauvaises nouvelles des étoiles (1981), Gainsbourg se tourne vers l’Amérique du Nord et des musiciens issus de l’univers funk-rock. Il en résulte un album puissant et groovy, au son très années 80 qui n’a néanmoins pas pris une ride. L’album contient également plusieurs textes qui choquèrent à l’époque, dont Love on the beat et Lemon incest, mais aussi deux titres abordant ouvertement l’homosexualité : I’m the boy et Kiss me Hardy. Love on the beat est un album court mais intense, fait de 8 titres rock, percutants, vénéneux.

Love on the beat (la chanson) en est la parfaite incarnation. Porté par une rythmique funky-groovy et soutenu par une batterie omniprésente, le titre est chaud bouillant. En 8 minutes, Gainsbourg égrène les étapes d’un rapport sexuel dans le rythme (on the beat), que l’on vous laisse découvrir. Il serait en effet maladroit, voire malvenu, de tenter de décrire avec nos propres mots ce que le poète a si bien écrit. Et qu’il livre de son phrasé si particulier, mettant sa voix unique au service d’un talking over rendant l’ensemble plus récité que chanté. Le texte peut ainsi être perçu comme un poème pornographique, ou encore comme la narration d’un moment intime de fusion et d’abandon. C’est Gainsbourg qui décrit le mieux cette exploration des sens : « Tu as envie d’une overdose / De baise, voilà, je m’introduis ». Deux lignes extraites d’un texte ciselé comme jamais, avec en toile de fond musicale l’enchevêtrement fiévreux de la basse, de la guitare qui groove, et des cris féminins qui ne laissent aucun doute sur l’intensité du moment.

Et l’amour dans tout ça me direz-vous ? C’est bien beau d’ouvrir sa chronique sur la Saint-Valentin pour ensuite nous faire écouter un titre aussi sexuellement cru, qui ne semble pas laisser la moindre place aux sentiments. D’une, chacun sa vision des choses. De deux, souvenons-nous des mots d’un autre poète. En 2002, Renaud publie l’album Boucan d’enfer, qui se referme par Mon bistrot préféré. Un lieu imaginaire où il se plaît à convoquer ses influences. On y croise pêle-mêle Brassens, René Fallet, Boris Vian, Desproges… et, dans un coin du bistrot, « Gainsbourg est au piano, jouant sa Javanaise / Et nous chante l’amour qu’il appelle la baise ». Simple question de mots et de conception des choses.

Raf Against The Machine